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Apprentissage philatélique à travers une série courante ou du timbre à la marque postale

A mes tous débuts en tant que collectionneur, je n’imaginais pas que je serais allé au-delà du timbre. J’étais ravi de pouvoir ajouter chaque semaine quelques timbres à ma collection et de feuilleter mon album en pensant aux prochains timbres que je trouverais chez feu Monsieur Hadiri. J’étais loin de me douter que j’étudierais lettres, tarifs, bureaux et marques postales. Ou encore que je me poserais tant de questions. Pourquoi un timbre courant dans une série de 10 vaut plus que la valeur des 9 autres. Pourquoi aussi y-a-t-il des compléments de valeurs à une série ou des types différents d’un même timbre ? Comment juger la rareté d’un timbre, d’une lettre ou d’un document ? Pour répondre à toutes ces questions (entre autres), il faut plus qu’un catalogue de cotation et un album et commencer un long travail de recherche. Il faut pouvoir trouver de l’information et des preuves pour la corroborer.

L’évolution d’un collectionneur de timbres peut conduire au support sur lesquels ceux-ci sont apposés. Le timbre n’existerait pas s’il n’y avait pas eu le besoin de payer d’avance un service pour l’acheminement d’une correspondance entre 2 lieux ou entre un expéditeur et son destinataire. A ses débuts le timbre est d’usage courant et peu à peu, vu l’engouement pour ce support par les populations dans chaque pays, les administrations en ont diversifié l’usage : les timbres commémoratifs naquirent, des formats différents furent utilisés, des surtaxes de bienfaisance inventées pour lever des fonds pour des œuvres sociales ou autres. Les collectionneurs font une claire distinction entre timbres courants et spéciaux et les premiers nous apprennent beaucoup sur l’histoire postale d’un pays.

De la théorie à la pratique

Pour illustrer mon propos, je me réfère à la série courante de 1956 (zone Sud uniquement) que j’étudie pour développer mon savoir et ma technique d’estimation des objets de collection. Cette série a plusieurs avantages qui plaident en sa faveur pour l’utiliser comme sujet d’étude dans le cadre d’un apprentissage de la philatélie et de l’Histoire postale d’un pays :

  • Sa composition : 5F, 10F, 15F puis 30F, 50F et enfin 25F et 70F, 7 valeurs supposées couvrir les différents tarifs et besoins postaux.
  • Sa durée : Emise en Mai 1956, elle n’est remplacée qu’en 1962 par la 1ère série courante de Hassan II mais perdure pour les surcharges au profit des victimes des innondations (1963) après sa mise hors-service (?)
  • Son tirage : Il y a eu plusieurs tirages pour chaque valeur de la série entre 1956 et 1963
  • Son prix : hormis les 2 derniers timbres de la série, les premières valeurs de la série sont abordables et fréquentes dans la correspondance de l’époque en raison des tarifs postaux.

Plusieurs séries courantes ?

Alors que je pensais que cette série était l’unique série en cours d’utilisation après l’indépendance, mes recherches ont montré que la dernière série courante de la période Protectorat (série Monuments) a été réimprimé après l’indépendance. Il y avait dès lors plus de 7 valeurs en circulation dans la Zone Sud: la série courante de 1955 comprenait 17 valeurs à savoir 50c, 1F, 2F, 3F, 5F, 6F, 8F, 10F, 12F, 15F, 18F, 20F, 25F, 30F, 40F,50F, 75F et 3 valeurs pour la Poste Aérienne (100F, 200F et 500F).

Avec toute cette batterie de faciales, nul besoin d’en avoir d’autres. Sur les 7 valeurs de la série, le timbre à 70F est le seul qui ne fait pas doublon. Il est important de noter que je n’ai pas de certitude que toutes les valeurs de la série de 1955 ont été imprimées après l’apparition de la série Mohammed V. Il y a peut-être eu jusqu’à 3 séries courantes en fonction entre 1962 et 1964 : Monuments de 1955, S.M Mohamed V de 1956 et S.M. Hassan II de 1962… Reste à le prouver…par des coins datés. Par soucis de précision, je ne prends pas en compte les séries courantes de la Zone Nord émises en Ptas.

Lettre de 1963 pour la France avec affranchissement composé des 2 séries courantes et mixte en dirham et franc marocain
Lettre de 1963 pour la France avec affranchissement composé des 2 séries courantes et mixte en dirham et franc marocain

Une série idéale pour l’Histoire Postale

Cette série est intéressante au regard de l’Histoire car elle montre la transition d’un État vers l’accession à son autonomie. Elle est la dernière série courante exprimée en Franc (Marocain) avant l’adoption du Dirham. Les tarifs postaux ne sont plus alignés à ceux de la France dès le 1 Janvier 1957. On trouve des situations inédites en raison des affranchissements mixtes avant/après indépendance ou introduction du Dirham ou des cachets d’oblitération bilingues.

 

Lettre de 1961 pour la France avec affranchissement composé. Oblitération mécanique SECAP avec illustration
Lettre de 1961 pour la France avec affranchissement composé. Oblitération mécanique SECAP avec illustration

En comparaison avec les autres séries courantes, la série de 1956 est d’une durée raisonnable pour constituer un éventail varié pour une étude. La durée permet d’établir qu’il y a différents tirages et donc possibilités de différences de teinte, d’encrage, de format, de perforation, de papier, de gomme sur une même valeur. Le catalogue Cotter liste certaines variétés… mais à partir de quel tirage apparaissent-elles ou sont-elles propres à toutes les impressions et valeurs ?

Liste des variétés de la série courante selon Catalogue Cotter 1983
Liste des variétés de la série courante selon Catalogue Cotter 1983
Liste des variétés de la série courante surchargée au profit des victimes des huiles  frelatées (Catalogue Cotter 1983)
Liste des variétés de la série courante surchargée au profit des victimes des huiles frelatées (Catalogue Cotter 1983)
Liste des variétés de la série courante surchargée au profit des victimes des innondations (Catalogue Cotter 1983)
Liste des variétés de la série courante surchargée au profit des victimes des innondations (Catalogue Cotter 1983)

Tarifs Postaux et emploi

A l’indépendance du Maroc, les tarifs postaux appliqués sont ceux définis par l’administration française dans le cadre de l’Union Postale : certains tarifs sont en vigueur depuis 1949 et auront cours jusqu’en 1957. Il n’y a guère de distinction entre le régime intérieur et les envois vers la France et pays de l’Union Postale : envoyer un courrier à Rabat nécessitait le même affranchissement que pour un envoi à Paris ou en Suisse. L’envoi pour les pays hors de l’Union Postale font office d’un tarif différent.

En 1956, les tarifs postaux (Source catalogue Maury) pour le régime intérieur et la France sont les suivants:

  • imprimés: 5F
  • cartes postales jusqu’à 5 mots: 8F
  • cartes postales: 12F
  • lettres: 15F pour le 1er échelon de poids (jusqu’à 20g), 25 F (2ème), 35F (3ème), 50F (4ème)
  • taxe de recommandation pour lettres et cartes postales: +35F
  • taxe pour accusé de réception: +15F
  • taxe pour express: +50F

En ce basant sur ces tarifs, on peut raisonnablement considérer que les 3 premières valeurs de la série émises en Mai 56, avait l’emploi suivant:

  • le 5F bleu était réservé pour les imprimés et journaux.
  • le 15F vert pour les lettres de 1er échelon
  • le 10F pour le complément pour les échelons supérieurs

Quelques exemples

15F seul sur lettre, cachet à date manuel bilingue sur 3 lignes avec date en chiffres
Lettre de 1956 avec 15F seul sur lettre, cachet à date manuel bilingue sur 3 lignes avec date en chiffres
Lettre de 1956 depuis Casablanca pour la France avec affranchissement composé (5F+10F). Oblitération Mécanique SECAP
Lettre de 1956 depuis Casablanca pour la France avec affranchissement composé (5F+10F). Oblitération Mécanique SECAP
Lettre de 1957 depuis Casablanca pour la France avec 25F seul sur lettre. Oblitération Mécanique SECAP sans fin, date en lettres
Lettre de 1957 depuis Casablanca pour la France avec 25F seul sur lettre. Oblitération Mécanique SECAP sans fin, date en lettres
Lettre de 1956 depuis Casablanca pour la France avec affranchissement mixte (5F+20F). Oblitération Mécanique SECAP sans fin, date en lettres
Lettre de 1956 depuis Casablanca pour la France avec affranchissement mixte (5F+20F). Oblitération Mécanique SECAP sans fin, date en lettres

Les valeurs complémentaires 30F et 50F émises fin Octobre servent soit pour l’envoi de lettre de 1er échelon à destination des pays hors de l’Union Postale française (tarif 30F) ou les taxes de recommandation et express (50F)

L’apparition des 25F puis 70F en 1957 répond aussi à un besoin. Le Bulletin officiel 2307 du 11/1/1957 donne une indication de réponse quant à l’utilisation du 25F. Le prix de la lettre de 1er échelon pour les envois du régime intérieur et de l’Union postale française passe de 15 à 25F le 1er janvier 1957 et la taxe de recommandation est augmentée de 10F passant ainsi à 45F. Il faut donc s’acquitter de 25+45F soit 70F pour un envoi recommandé! Apposé un timbre à 70F est plus rapide que de composer avec plusieurs valeurs.

Décret portant modification des tarifs postaux à compter du 1er Janvier 1957
Décret portant modification des tarifs postaux à compter du 1er Janvier 1957

 

Lettre au tarif 90F probablement 2ème échelon (30F) avec taxe de recommandation (45F) et accusé de réception (15F). Affranchissement manuel avec cachet à date  bilingue
Lettre au tarif 90F probablement 2ème échelon (30F) avec taxe de recommandation (45F) et accusé de réception (15F). Affranchissement manuel avec cachet à date bilingue
Dos de la lettre avec cachet d'arrivée à Roanne
Dos de la lettre avec cachet d’arrivée à Roanne

Confirmation/Vérification

Par chance ou obstination, l’accès à des documents officiels m’a permis d’enlever tout doute sur les tarifs mais comment faire si ces informations n’étaient pas disponibles.

Rien de mieux pour vérifier ces valeurs et l’emploi des timbres que de trouver des cartes postales et lettres à destination par exemple d’une autre ville au Maroc, de la France ou d’autres pays. En flânant dans les ventes et les sites pour collectionneurs, j’ai pu trouver ces lots et valider certains tarifs mais me suis aussi rendu compte que certains envois étaient suraffranchis.

Autant il ne peut y avoir de confusion sur le poids d’une carte postale, autant il est parfois difficile de déterminer si une lettre est du 1er échelon ou supérieur sans son contenu. Le poids et la taille de l’enveloppe donnent une indication et si l’on extrapole le poids du contenu (feuille A4) on peut estimer le régime de la lettre, à supposer que l’envoi est correctement affranchi.

Bizarrement, j’ai pu constaté que les cartes postales ayant voyagé sont souvent affranchies au tarif de 15F au lieu des 8F ou 12F requis. Était-ce par pénurie de ces faciales ou méconnaissance des expéditeurs qu’il existait un tarif propre aux cartes postales? Souvent elles sont affranchies au tarif de la lettre de 1er échelon.

Réunir plus d’objets de cette époque issus d’un même bureau permet aussi de retracer les marques postales employées mais aussi de déterminer les différences entre tirages d’une même valeur. L’argument principal est qu’un timbre sur son support n’a pas été lavé, ni altéré. Il est risqué de comparer des timbres qui ont été décollé de leur support surtout lorsqu’on a aucune indication du procédé employé. Certaines couleurs peuvent être altérées, les fibres comme l’épaisseur du papier modifiées. Un timbre sur lettre est hormis son oblitération quasiment intact et la comparaison entre différentes périodes moins sujette aux erreurs que si l’on travaillait sur des oblitérés nettoyés. On peut constater certaines différences de teintes sur les timbres employés au cours du temps. Il faut pour la validité de l’observation trouver un nombre significatif d’objets.

Dans la galerie ci-dessous, une sélection de 4 lettres au départ de Casablanca contenant toutes un timbre à 50F de la série avec des différences de couleur.

Lettre pour la Suisse affranchie à 65F
Lettre pour la Suisse affranchie à 65F
Lettre pour la Suisse au tarif 50F
Lettre pour la Suisse au tarif 50F
Lettre pour l'Italie au tarif de 150F
Lettre pour l’Italie au tarif de 150F
Lettre pour la Suisse au tarif de 80F
Lettre pour la Suisse au tarif de 80F

Un lot de lettres élargit vite le champ de collection et d’investigation… Les marques postales de l’époque changent progressivement avec le remplacement des cachets qui deviennent bilingues ou dans certains cas des bureaux qui ont été renommé. Bref, il y a de quoi trouver des lettres d’importance significative au sens de l’histoire postale dans cette période.

Pour Clôturer

Le décor et la démarche sont posées dans cet article. L’acquisition de  connaissances sur le sujet passe par un nombre important d’étapes et beaucoup de pratique. Les clubs et la documentation existante peuvent aider. Le suivant s’intéressera un peu plus aux timbres de cette série, aux tarifs que je n’explique pas encore et aux marques postales. J’espère que cet article vous aura donné envie de compléter plus encore votre collection avec des lettres témoins de l’Histoire.

1956 – Royaume du Maroc – Zone Sud – 2/3

<<<Previously in 1956 – Royaume du Maroc…

Dans le précédent article, je mentionne que la première série courante est composée de 3 timbres seulement, alors que les catalogues de cotations listent à tord les 7 valeurs dans la même série… 362 à 368 pour Yvert, 408 à 414 pour Michel, 1 à 7 pour Scott,  comme si les 7 valeurs ont été prévues au départ… Seul Michel prend soin de préciser les dates d’émissions (mois et année)

Au regard de l’histoire postale, la classification des catalogues est fausse. Comme l’indique le Bulletin Officiel n°2265 du 23 Mars 1956 en page 295/296, seul 3 timbres sont prévus pour le régime intérieur et international:

Bulletin Officiel 2265

Le document est important car il fait en quelque sorte office d’acte de naissance, ou de bon de tirage des timbres à 5F, 10 et 15 Francs. Pour les dates, le décret de la création de ces timbres est signé le 6 Mars avant l’annonce au peuple faite le 7 Mars 🙂 Ce n’est que le 23 Mars, lors de sa publication dans le BO, qu’il n’entre en fonction.

Quand les archivent officielles parlent…

Quelques mois plus tard, le Bulletin Officiel n°2286 du 17 Août 1956 donne la réponse à nouveau: le décret du 4 Août autorise la création de 2 timbres à 30F et 50F valables pour les régimes intérieur et international.

Bulletin Officiel 2286

J’ai pu retracer grâce aux publications du BO, la chronologie des premières émissions, leur acte de naissance. La promulgation qui suit concerne….la première émission spéciale du Royaume, signée le 29 Août et publiée le 14 Septembre. Le premier jour d’émission de la première émission commémorative est le 3 Novembre 1956.

Bulletin Officiel 2290Toutes ces dates ne disent pourtant pas si la série courante est émise avant, avec, après la série commémorative. La réponse m’a été apporté par une carte maxi avec un timbre à 30F et un cachet d’oblitération…. du 29 Octobre 1956. Je n’ai pas trouvé d’équivalent pour le 50F mais l’on peut raisonnablement penser que les 2 timbres ont eu le même jour d’émission, s’ils ont été officialisés ensemble. Afin de s’en assurer il faut trouver un 50F oblitéré d’une date antérieur au 03.11.1956 avec une marque authentique, ou d’avoir une dépêche de la disponibilité du timbre dans une revue ou périodique,… Le cachet permet de placer les valeurs complémentaires de la série courante avant la série spéciale !

Série Courante Mohamed V 30FSérie Courante Mohamed V 50F

Premier Jour d’émission supposé:

Carte Maxi avec 30F et cachet CASABLANCA PPAL du 29.10.1956
Carte Maxi avec 30F et cachet CASABLANCA PPAL du 29.10.1956

Bonus: Les Non-dentelés et épreuves de luxe, d’artiste,…

Non Dentelé Série Courante Mohamed V 30F
Non Dentelé Série Courante Mohamed V 50F

Epreuve de luxe Série Courante Mohamed V 30FEpreuve de luxe Série Courante Mohamed V 50F

Epreuve d'artiste 30F rouge signée Mazelin
Epreuve d’artiste 30F rouge signée Mazelin
Bloc Special Perforé avec les 30F et 50F - credit Cérès Philatélie
Epreuve Collective Bloc Special Perforé avec les 30F et 50F – credit Cérès Philatélie
Epreuve d'artiste 50F violet - image retouchée - tâches présentes sur l'épreuve
Epreuve d’artiste 50F violet – image retouchée – tâches présentes sur l’épreuve

 

Wrap up / Conclusion:

Au sens de la chronologie, l’année 1956 dans la zone sud a connu l’émission de 5 timbres courants  au portrait de S.M. Mohamed V et une série spéciale de 5 timbres:

  • 19.05.1956: Série courante S.M. Mohammed V 5F, 10F, 15F
  • 29.10.1956: Complément à la Série courante S.M. Mohammed V 30F(?), 50F (?)
  • 03.11.1956: Campagne de Lutte contre l’Analphabétisme 10F, 15F, 20F, 30F, 50F

Dans le prochain article intitulé « 1956 – Royaume du Maroc – Zone Sud – 3/3 », je m’attarderais à présenter des lots inédits sur la série spéciale, une série dans tous ses états entre non dentelés, essais de couleur, épreuves, cartes, 1er jour,… Puis pour clore la zone sud, j’irais vagabonder du côté financier des 10 premiers timbres du Maroc indépendant.

🙂 Le Bulletin Officiel me sera d’une grande aide pour l’écriture des articles (jusqu’aux timbres émis en 1978) et j’essayerais de référencer ces entrées dans la bibliographie. 🙂

Références:

1956 – Royaume du Maroc – Zone Sud – 1/3

Si l’on devait retenir des dates de l’Histoire du Maroc qui marquent la philatélie marocaine, alors il faut sans conteste inclure 1956. Les évènements politiques du début des années 1950 et le vent de décolonisation qui sévit dans les colonies des puissances européennes d’après guerre, n’épargnent guère le Maroc.

En général, et l’Histoire (sans en faire une règle) l’a montré à maintes reprises, la souveraineté d’un pays qui accède à l’indépendance est exercée à travers sa monnaie (indépendance économique), sa législation (indépendance politique), et sa poste (PTT indépendance des moyens de communication). Siéger à l’Union Postale Universelle (UPU) est aussi un indice fort de la souveraineté d’un état tout comme l’adhésion aux Nations Unis. A l’époque, l’ONU est en devenir, et l’UPU est une institution rodée. Tout cela n’est que supputation de ma part, et si tous les pays n’ont pas eu le même parcours, il n’en reste pas moins qu’un pays doit frapper sa monnaie, définir ses lois, nommer ses représentants, et émettre ses timbres.

Le cas du Maroc est particulier car en raison des protectorats français et espagnols, le pays va se trouver dans une situation inédite qui va avoir un impact sur sa Poste dans sa première année d’existence.

Une réunification par étapes

  • Le 2 Mars 1956, la France reconnait l’indépendance du Maroc, S.M Mohammed V comme son souverain et met fin à 44 ans de protectorat. La zone sous influence française est appelée Zone Sud, et adopte le franc marocain comme monnaie.
  • Le 7 Avril 1956, S.M Mohammed V et le général Franco signent un accord qui abroge le traité de Madrid de 1912 et reconnait également l’indépendance du Maroc. La zone sous influence espagnole dite « Zone Nord » est restituée à l’exception de Tanger, des enclaves de Ceuta, Melilla, Ifni (1969), Cap Juby (Tarfaya, 1958) et Rio de Oro (1975). La monnaie en cours dans la Zone Nord est la Peseta.
  • Le 29 Octobre 1956, Tanger perd son statut de ville internationale et est réintégrée au Maroc.

 

Carte Protectorat Espagnol
Carte Protectorat Espagnol 1955

 

Les émissions de la « Zone Sud »

Côté Zone Sud, la première émission du Royaume du Maroc est une série courante au message politique fort. La personnalité du roi Mohammed V est utilisée pour lier encore plus dans le collectif marocain et international, la destinée du pays à son souverain et réaffirmer que le monarque est le roi des Marocains et du Maroc. Le portrait est l’œuvre du photographe Flandrin, ami du souverain et amoureux du Maroc. Charles Mazelin est le dessinateur et graveur du poinçon de l’émission pour le compte de l’atelier de fabrication des timbres poste (Paris). L’idée de la série prend forme fin 1955, probablement avec le retour du roi d’exil. Le mensuel Le Monde des Philatelistes de Février s’en fait l’écho en page 5: une série de 3 timbres est à l’étude.

Le Monde des Philatélises Fev. 1956 p5

La série courante qui est composée de 3 valeurs et émise le 19 Mai 1956: 5F, 10F, 15F. Le 29 Octobre 1956, les valeurs faciales à 30F et 50F sont ajoutés à la série. Ce n’est que le 11/12 Février et le 15 Mars 1957 que les valeurs 25F et 70F viendront compléter la seule série courante du règne de feu S.M. Mohammed V. Le tirage de la série est inconnu et plusieurs tirages ont été fait.

Bonus: Les non-dentelés signés Flandrin. Impression taille-douce

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Il est rare qu’une série courante soit déclinée en épreuve de luxe ou d’artiste…Epreuve de Luxe SC SM Mohamed V5F Epreuve de Luxe SC SM Mohamed V 10F Epreuve de Luxe SC SM Mohamed V 15F

Les premiers jours d’émissions et carte maxi célébrant cet évènement important sont nombreux et les plus fréquemment rencontrés sont présentés ci-dessous. On commence par un échantillon de cartes maxi

J’ai pu dénombrer 4 enveloppes 1er jour, dont 2 sont assez rares.

 La suite…

J’espère que vous appréciez comme moi la richesse des pièces que l’on trouve en 1956. Je n’arrive pas encore à (m’)expliquer et comprendre tous les évènements par manque de connaissance. Il me faudrait un peu plus de connaissances sur l’histoire postale et les tarifs d’acheminement pour comprendre l’ajout progressif des valeurs de la série courante ou leur utilisation. J’ai pu déterminé avec certitude que le 5F était utilisé pour le courrier national, le 15F pour les lettres simples destinées à l’étranger mais sont-ce les seuls usages. Les 5F sous la période protectorat étaient utilisés pour les imprimés de 1er échelon.

Les 1er timbres du Royaume du Maroc sont en réalité très « Français » depuis leur conception jusqu’à leur impression, ce qui est compréhensible vu le timing (2 mois après la déclaration d’indépendance).

Dans le prochain post, je complèterais l’année 1956 avec les timbres 30F et 50F de la série courante, et la première série commémorative de la « Zone Sud ».

Le dernier article de la série sera dédié aux émissions de la « Zone Nord ».

References:

  • Le Monde des Philatelistes n°52 / Sixième (VI) année- France et Union Française – Février 1956 page 5